Portrait of Faruk Šehić

Faruk Šehić est né en 1970 à Bihac. Il a grandi à Bosanska Krupa avant son détachement de la République fédérale socialiste de Yougoslavie . Lorsque la guerre éclata en 1992, Šehić était étudiant en médecine vétérinaire à Zagreb. Néanmoins, âgé alors de 22 ans, il s’engagea volontairement dans l’armée de Bosnie-Herzégovine, où il fut le lieutenant d’une unité de 130 hommes. Après la guerre, il étudia la littérature et depuis 1998, il écrit ses propres œuvres. Les critiques le considèrent comme l’un des jeunes écrivains les plus talentueux de l’ex-Yougoslavie, un fer de lance de la « génération renversée ».

Tout comme le premier roman de Faruk Šehić, le recueil de poèmes Pjesme u nastajanju (Poèmes acquis , 2000), la plupart de ses autres œuvres sont centrées sur l’expérience subjective de la guerre. La prose de ses nouvelles est sobre. Sans émettre de jugement, il dépeint la guerre au quotidien, les événements violents, mais glisse également les observations des soldats. Chaque détail est précieux, que ce soit la mort d’un camarade ou la contemplation d’oiseaux sur une ligne à haute tension. L’effet troublant des nouvelles se déploie au fil de ces juxtapositions ironiques. Šehić utilise sciemment l’authenticité comme procédé rhétorique, et déclare : « mes lecteurs devraient haïr la guerre. » Ses histoires antiguerre ne prétendent pas refléter les expériences de toute une génération, bien que cela constitue peut-être le facteur culte de son œuvre. Šehić, dont l’œuvre ne se borne pas à examiner la guerre, a été traduit en anglais, en allemand, en bulgare et en macédonien.

Le recueil de nouvelles Pod pritiskom (2004, version française : Sous pression, 2014) a obtenu le prix Zoro Verlag. Son premier roman, Knjiga o Uni (2011, traduction littérale : « Le livre de l’Una » ; version anglaise : Quiet Flows the Una, 2016), a reçu le prix Meša Selimović du meilleur roman publié en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, au Monténégro et en Croatie en 2011. Šehić, qui vit à Sarajevo, est membre de l’Union des écrivains et du centre PEN de Bosnie-Herzégovine, et il est chroniqueur et journaliste pour le magazine BH Dani.

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Knjiga o Uni (« Quiet Flows the Una »)

« Knjiga o Uni » raconte l'histoire d'un homme qui tente de surmonter le traumatisme causé par la guerre en Bosnie-Herzégovine entre 1992 et 1995. C’est aussi un roman sur l’enfance au bord d’une superbe rivière ; sur les poissons, les plantes, la nage, la plongée et la douceur de vivre dans une petite ville bosniaque. Le livre couvre trois périodes : l’enfance avant la guerre, les lignes de bataille pendant la guerre, et les efforts déployés pour reprendre une vie normale dans une ville et un pays détruits après la guerre.

Le livre s’adresse à quiconque croit en la puissance et en la beauté de la vie face à la mort et à la destruction de masse. « Knjiga o Uni » tente de reconstruire la vie du personnage principal qui, comme le texte du roman, est de nature plutôt bipolaire : il est à la fois ancien combattant et poète. Parfois, il parvient à reprendre le cours normal de sa vie, mais à d’autres moments, tout lui échappe. Ses souvenirs de la guerre récente et des massacres sont "sales et répugnants", tandis que son présent lui paraît monotone et son identité, incomplète. Grâce à ses souvenirs, il se sert de son esprit et de sa force pour chercher à s’échapper du dédale où il est enfermé.

Il veut être à la fois un archiviste et un chroniqueur du passé, ce qui lui laisse l’opportunité de tout reconstruire à nouveau. Parallèlement à cette histoire, les passages sur la ville au bord de la rivière Una prennent une dimension mythique et onirique. Ici, le roman devient une description poétique de la nature, des saisons, de la flore et de la faune, ainsi que des souvenirs d’enfance encore préservés de tous les événements de l’après-1992.

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Excerpt

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Translated by Zvonimir Radeljković

If it starts to rain the evening before Friday it's gonna rain for seven days, so our granny always told us. And the heavy rain overspread our heaven with the force of a miraculous verse of Al-Qaria surah in the Koran – the one about the end of the world.
When the water surrounded us from all sides, granny's house started on its first voyage. Before we became Unafarers we heard a strong crash, as the house tore loose from its earthly roots. Thus lightened, without the foundation in which casings and stabilizers of exploded aerial bombs from the Second World War were imbedded, without the stones from the old house which had burned down during the Allied bombing of the town, and the underlining bed of alluvial tufa, the house was making ready to endure the worst: a journey into the unknown.
The fleet of foot -- those who had not been surprised, like us, by the water – climbed up Ravnik, to the very summit of Hum, where they hoped the sun would finally penetrate the clouds and stop the deluge. We, who didn’t have much choice and who wouldn’t have wanted the whim of the weather, rather than the force of our own will, to decide the outcome, we took our fate in our own hands.
By some miracle the basement drew up into the house becoming our engine deck, since down there were red pressure gauges with little round wheels for navigating those swollen and dangerous waters, The valves on the gauges occasionally flipped up to release hot and angry steam if the engines should accidentally overheat. The grape vines unfurled from granny’s house and became a leafy sail, just in case, as back-up propulsion. I went down into the basement after we had torn open the deck with a crowbar, and got hold of little metal navigation wheels. Granny stood at the kitchen window with uncle Šeta who did his military service in the navy. She was navigating the house holding prayer beads hanging from her palm. The little marbles of her amber prayer beads cruised through their silent universe. Šeta held a trident ready in case a he caught a glimpse of the giant pike’s back.